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Au marge de la messe de solennité des Apôtres Pierre et Paul au Vatican à laquelle l’archevêque métropolitain de Kinshasa, son excellence Mgr Fridolin Ambongo avait pris part et reçu des mains du pape François la boîte avec le « pallium » (étoffe circulaire, signe de la communion de l’église métropolitaine de Kinshasa avec l’église de Rome), ce dernier a confié une interview aux journalistes de VaticanNews commentant tour à tour l’actualité de la République Démocratique du Congo en mettant en exergue la première passation pacifique du pouvoir au pays de Lumumba, fruit de la médiation des évêques de la CENCO.

Dans cette interview, on peut entendre Mgr Ambongo faire des déclarations comme : « il est clair que l’ancien régime tient encore l’essentiel des leviers du pouvoir : le Parlement (les deux chambres), la Commission électorale nationale indépendante (Céni), la Cour constitutionnelle, la police, l’armée les services secrets, etc » ; ou encore « S’il tourne le dos à ses amis d’hier, ceux de l’opposition, cela le fragiliserait vis-à-vis de son allié au sein du pouvoir actuel, le Front Commun pour le Congo, FCC ».

Si ces déclarations paraissent normales pour certains jusqu’à arriver à classer Mgr Ambongo dans leur courant politique, nécessitant des éloges en appréciant son franc parlé, « n’ayant pas la langue du bois », ailleurs ces déclarations font très mal, résonant aux coups de tonnerre prêt à pousser ces auditeurs aux insultes et à s’engager en guerre sans nature contre le prélat de l’église de Kinshasa. C’est le cas de cet internaute qui se dit ébranler par les propos de l’archevêque métropolitain de Kinshasa : « Mgr Ambongo se mêle un peu trop de la politique. Il est souhaitable qu’il laisse la politique aux politiciens et se concentre à l’œuvre de Dieu » ou encore celui-ci cité par un site d’information de la capitale insistant sur le fait que « Si le souci est de trouver à un cousin une place dans les institutions, ce n’est pas de cette façon qu'on doit s'y prendre ».

Nous ne pouvons pas faire la sourde oreille à toutes les allégations qui visent à positionner l’archevêque métropolitain aux courants politiques du pays, sachant que l’Eglise ne fait pas partie des idéologies politiques d’un quelconque parti politique. Est-ce que c’est vrai que Mgr Ambongo est devenu politicien, ou il soutient un politicien congolais en récompense de quelque chose ? Est-ce l’Archevêque Métropolitain de Kinshasa a abandonné son champ apostolique pour se réfugier en politique, à la recherche d’un quelconque poste ministériel ?

Pour mener à bon port notre réflexion, nous allons devoir faire recours à la doctrine de l’Eglise pour en savoir plus sur ce qui pousse Mgr Ambongo à faire des déclarations à caractère politique.

En parcourant l’histoire du Salut, nous nous rendons compte que Dieu a manifesté son souhait de sauver son peuple à travers ses serviteurs ; le cas le plus emblématique est celui de Moïse lorsque Dieu lui confie la mission de la libération des israélites en ces termes : « j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Egypte. J’ai entendu son cri devant ses oppresseurs ; oui, je connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer ‘’…’’ Maintenant va, je t’envoie… » (Ex 3, 7-8. 10). Si après Moïse, il s’est succédé les leaders ayant l’autorité religieuse et politique come Josué, le deux pouvoirs sont finis par se séparer laissant à chacun sa pleine liberté d’exercer ses obligations. Mais l’histoire nous montre qu’à chaque fois que l’autorité politique abusait de son pouvoir, Dieu envoyait un prophète pour l’interpeller ; nous sommes sans ignorer de l’épisode du Roi David et la femme d'Urie le Hittite. (2 Samuel 11.1-12.25). L’Eglise s’inscrit dans cette logique à interpeller le pouvoir politique pour exercer en bonne et due forme ses obligations envers le peuple de Dieu. La doctrine sociale de l’Eglise donne plein pouvoir aux pasteurs de parler aux politiciens quand la vie sociale de peuple de Dieu est mise en péril pour des intérêts égoïstes des politiciens.

Dans document Compendium pour la doctrine sociale de l’Eglise au numéro 7 est écrit ceci : « Le chrétien sait qu'il peut trouver dans la doctrine sociale de l'Église les principes de réflexion, les critères de jugement et les directives d'action sur la base desquels promouvoir un humanisme intégral et solidaire. Diffuser cette doctrine constitue, par conséquent, une priorité pastorale authentique, afin que les personnes, éclairées par celle-ci, soient capables d'interpréter la réalité d'aujourd'hui et de chercher des voies appropriées à l’action : « L'enseignement et la diffusion de la doctrine sociale font partie de la mission d'évangélisation de l'Église ». Ainsi dit, Mgr Ambongo ne pèche pas quand il affirme « Nous attendons d’abord la composition du nouveau gouvernement qui va sortir et que nous attendons depuis pratiquement six mois. Ce retard signifie qu’ils n’arrivent pas à se mettre d’accord ». Il est connu de tout le monde que la capitale congolaise est là où on se réveille le matin sans savoir ce qu’on fera la journée, sans avoir l’idée de ce qu’on va mettre sous la dent ; une capitale où on vit moins d’un dollar américain par jour ; et de ce fait, ça sera injuste de la part du pasteur de cette province ecclésiale de fermer la bouche, et faire la sourde oreille face aux cris de ces brebis.

Le Pape émérite Benoit XVI dans l’encyclique Deus Caritas Est au numero 28 dit : « L’ordre juste de la société et de l’État est le devoir essentiel du politique. Un État qui ne serait pas dirigé selon la justice se réduirait à une grande bande de vauriens, comme l’a dit un jour saint Augustin: ‘’Remota itaque iustitia quid sunt regna nisi magna latrocinia ?’’. La distinction entre ce qui est à César et ce qui est à Dieu (cf. Mt 22, 21), à savoir la distinction entre État et Église ou, comme le dit le Concile Vatican II, l’autonomie des réalités terrestres, appartient à la structure fondamentale du christianisme. L’État ne peut imposer la religion, mais il doit en garantir la liberté, ainsi que la paix entre les fidèles des différentes religions. De son côté, l’Église comme expression sociale de la foi chrétienne a son indépendance et, en se fondant sur sa foi, elle vit sa forme communautaire, que l’État doit respecter. Les deux sphères sont distinctes, mais toujours en relation de réciprocité… bien que l’ordre juste de la société et de l’Etat soit un devoir essentiel du politique, l’Eglise ne peut ni ne doit rester à l’écart dans la lutte pour la justice ».

Abordant la question de l’enseignement de l’Eglise sur les questions sociales dans l’encyclique Evangelii Gaudium, le Pape François souligne que « les enseignements de l’Eglise sur les situations contingentes sont sujets à d’importants ou de nouveaux développements et peuvent être l’objet de discussion, mais nous ne pouvons éviter d’être concrets [sans prétendre entrer dans les détails] pour les que les grands principes sociaux ne restent pas de simples indications générales qui n’interpellent personne », pour cela « L’Eglise guidée par l’évangile de la miséricorde et par l’amour de l’homme, entend la clameur pour la justice et veut y répondre de toutes ses forces. Dans ce cadre on comprend la demande de Jésus à ses disciples : ‘’donnez-leur vous-mêmes à manger’’ (Mc 6, 37) ce qui implique autant la coopération pour résoudre les causes structurelles de la pauvreté et promouvoir le développement intégral des pauvres, que les gestes simples et quotidiens de solidarité devant les misères très concrètes que nous rencontrons ».

De toute évidence, les déclarations de Mgr Ambongo s’inscrivent dans le cadre « des tâches de responsabilité dans les institutions sociales et politiques exigent un engagement sérieux et articulé, qui sache mettre en évidence, par les réflexions apportées au débat politique, par la programmation et les choix opérationnels, la nécessité absolue d'une qualification morale de la vie sociale et politique. Une attention inadéquate à la dimension morale conduit à la déshumanisation de la vie en société et des institutions sociales et politiques, en consolidant les « structures de péché »: « Vivre et agir en politique conformément à sa conscience ne revient pas à se plier à des positions étrangères à l'engagement politique ou à une forme de confessionnalisme; mais c'est l'expression par laquelle les chrétiens apportent une contribution cohérente pour que, à travers la politique, s'instaure un ordre social plus juste et conforme à la dignité de la personne » comme détaillé dans le Compendium pour la doctrine sociale de l’Eglise numéro 566.

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